mardi 8 juillet 2014

« Fabrice Luchini et moi. »




Quel n’a pas été mon plaisir de découvrir, à Avignon, un spectacle joué par un comédien qui a été formé au Cours d’art dramatique de Jean-Laurent Cochet, que j’ai fréquenté moi aussi !

Au « Théâtre des Vents », Olivier Sauton, nous a enchanté par son monologue, conçu  en « trompe-l’œil », sur une rencontre fictive entre Fabrice Luchini et lui.

Le titre de la pièce m’a paru audacieux et un peu provoquant, me demandant : Fabrice Luchini en était-il au courant ? Etait-il d’accord pour permettre de se servir de son  nom ?

Olivier Sauton joue seul sur scène deux personnages : celui de Fabrice Luchini et lui-même. Il le fait d’une manière convaincante, passant simultanément d’un rôle à un autre, changeant l’attitude physique, reproduisant la mimique et la manière de s’exprimer du  grand comédien, sans tomber dans le pastiche.

Au fur et à mesure du déroulement du jeu, sous l’apparence d’une « rencontre-anecdote », entre Olivier Sauton et Fabrice Luchini, nous découvrons le vrai sujet de la pièce.

Grâce à cette surprenante construction, Olivier Sauton nous présente une leçon magistrale de théâtre, telle que l’enseigne son professeur, Jean-Laurent Cochet, maître en art théâtral - Fabrice Luchini ayant, lui aussi, été formé par Jean-Laurent Cochet.

Fabrice Luchini, fait comprendre au jeune « apprenti acteur », ce que c’est l’art du théâtre. Il  s’appuie sur les « Fables de La Fontaine  dont il est devenu un merveilleux l’interprète, il cite des vers du « Misanthrope » de Molière et de la poésie de Baudelaire. La philosophie de vie, contenue dans les « Fables », commentée par Fabrice  Luchini, sa manière de respecter le texte et la technique de la « ré accentuation » façonnent les mots du texte en leur donnant du sens.

C’est un bel hommage rendu à Jean-Laurent Cochet d’abord et à sa manière de concevoir le théâtre et l’enseignement du métier d’acteur, à Fabrice Luchini également, ainsi qu’au théâtre et, par sa performance, à  l’art de l’interprète.

La pièce est jouée avec humour, légèreté, et intelligence, et le public séduit est comblé. C’est  un excellent spectacle, que je recommande à  tous ceux qui aiment le théâtre.



lundi 7 juillet 2014

Le Nazi et le Barbier



David Nathanson , comédien et adaptateur joue le personnage de Max Schultz, « fils bâtard mais aryen pure souche, génocidaire nazi reconverti en Juif pour sauver sa peau. ». C’est ainsi que nous pouvons résumer rapidement la pièce jouée au Théâtre du Cabestan.

A travers le texte dense, cruel parfois, raconté et joué par un seul acteur, se dessine toute une histoire du peuple Juif, ses errances, ses coutumes, jusqu’à la Shoah et après le génocide.

La narration nous rappelle la présence de l’antisémitisme, la haine vis-à-vis d’autrui provoquée par la différence, par l’envie et par la jalousie.

L’humour, présent tout au long de la pièce, soutenu par la performance de l’interprète, nous fait rentrer dans un monde oublié, où le peuple Juif vivait dans différents pays, étroitement lié avec les habitants de petits villages. La naissance de l’idéologie nazie a bouleversé la vie des habitants et a provoqué un renversement de valeurs humaines. Un ami d’enfance est devenu le bourreau d’une famille juive voisine.

Notons que c’est une pièce qui touche des problèmes difficiles. Il n’est pas facile d’oublier des atrocités commises par des êtres humains sur d’autres êtres humains. Ces blessures ouvertes cherchent à s’apaiser. Une abondante littérature a vu le jour : je citerais notamment des livres écrits par Frédéric Brun, Jean-Yves Potel, Anna Langfus et plusieurs autres.

La mise en scène de Tatiana Werner est claire, bien menée. Une musique qui puise dans le folklore juif et dans Silver Mount Zion, Di Nigunim, soutient efficacement le récit mené avec brio par David Nathanson.



dimanche 6 juillet 2014

Monsieur de Pourceaugnac de Molière



Dans la pure tradition de commedia dell’arte, la pièce « Monsieur de Pourceaugnac » de Molière, présentée actuellement dans le cadre du Festival Off au Théâtre Cabestan à Avignon par la Compagnie « Burlesques associés », attire un public nombreux composé de petits et de grands.

Des familles arrivent avec leurs  enfants qui, des yeux brillants et non sans rire, suivent les contorsions et les arabesques de Monsieur de Pourceaugnac malmené par des personnages de la pièce. Ils se familiarisent vite avec certains personnages, tendent leurs mains avec le désir de les toucher et de leur parler.

Les comédiens ne sont pas insensibles à ces manifestations et tissent un lien  vivant avec leur public, en se déplaçant, en quittant la scène et prenant le public à témoin.
Jouée avec aisance et un rythme qui s’accélère, la pièce se déroule d’une manière habile et les comédiens chantent, se déguisent, font des acrobaties.

Sur la scène, au fond, est accroché un drap blanc, comme cela se pratiquait jadis dans des foires de villages, lorsque les saltimbanques s’installaient pour jouer leurs pièces et improviser sur des canevas (et non pas jouer sur un texte écrit) comme c’est l’usage dans la commedia dell’arte. Ce drap fait l’office d’un mur derrière lequel les comédiens peuvent changer leurs costumes et sortir de scène lorsque l’action l’exige. Certains comédiens portent le masque de Zanni (c’est un masque de Serviteur) avec d’autres accoutrements, pour devenir un autre personnage

Dans la pièce jouent quatre acteurs : Pauline Paolini, Jean Hervé Appéré, Guillaume Collignon et Rémi Saintot. La musique, jouée sur instruments baroques, est de Lully. Pauline Paolini  nous enchante de sa belle voix soprano.

«  Monsieur de Pourceaugnac, un riche avocat Limousin, vient à Paris rencontrer sa promise qui, comme de bien entendu, en aime un autre. Avec l’aide d’un fourbe napolitain, les amoureux vont construire une farce monstrueuse pour dissuader ce provincial arrogant de faire affaire. Tous les coups sont permis et le pauvre farcé va subir lavements et clystères, être accusé de polygamie, devoir s’enfuir, déguisé en femme à sa grande honte et pour le plaisir des spectateurs ».

Une distraction pure en ce temps du Festival, où on vient pour le soleil, pour les vacances en famille et pour une rencontre inattendue avec le monde du théâtre.


samedi 5 juillet 2014

Dans les chaussures d’un autre

Reproduction de l'affiche,
ainsi que des photos,
avec l'aimable autorisation sde la Compagnie

La pièce que je suis allée voir au théâtre de La Luna est  écrite et mise en scène par Fabio Marra, qui y interprète aussi  le rôle de Giovanni.

Nous sommes sur un terrain où s’allient deux cultures : la française et  l’italienne. Et une interprète est d’origine espagnole.  La compagnie qui produit le spectacle s’appelle « Carrozzone Teatro ».

Cette heureuse dualité culturelle et l’intelligence de l’auteur –metteur en scène Fabio Marra nous fait entrer de plein pied dans le monde contemporain où la vie du couple, ses espérances, ses déceptions et ses désirs se croisent, et où chaque personnage se révèle dans sa spécificité, en quête de sa véritable identité.

Ici, le thème principal est celui de l’identité – celle d’un homme qui est devenu femme, face à sa famille, à son entourage, à lui-même.


Nous assistons « en direct » et en alternance sur deux  plans de la scène, à la vie  de deux couples  Autant les maris que deux femmes se révèlent à eux-mêmes dans les désirs les plus enfouis.


Des quiproquos et des situations  cocasses, mais également des scènes pleines d’une vraie émotion s’entremêlent lors du déroulement de la situation, en nous faisant participer à la souffrance des protagonistes, à l’authenticité de leurs désirs, ainsi qu’à leurs attentes le plus intimes.


Les comédiens jouent à merveille leurs partitions. La comédienne Sonia Palau qui incarne le transsexuel s’en sort au mieux dans ce rôle plein de nuances et de finesse. Hilarant et touchant, Fabio Marra dans le rôle du mari désirant devenir père, sait allier sa naïveté et sa bonté de caractère avec la  réalité que lui impose sa femme qui est en train de le quitter.

En jouant avec le ressort tragi-comique de la pièce « Dans les chaussures d’un autre », la Compagnie « Carozzone Teatro » a démontré qu’elle a su faire cheminer la trame du spectacle à travers les méandres et les nuances et de l’humour, à propos d’un sujet demeurant encore « délicat » dans notre société. Ce qui est garant d’un spectacle réussi. 


vendredi 4 juillet 2014

L’été à Avignon

Reproduction de l'affiche
aimablement communiquée par la troupe
pour utilisation dans cet article de blog.



Comme chaque année, je me suis rendue à Avignon pour goûter quelques mets du théâtre Off.

Cette année le Festival a démarré dans la tension, et plutôt perturbé par les manifestations des intermittents du spectacle. Et comme quelques troupes d’Off se joignaient au mouvement, je n’ai pas pu voir certains spectacles qui m’ont semblé attirants. Alors, j’ai assisté à des spectacles « tirés au hasard » ou conseillés par des spectateurs, diffusant de « bouche à l’oreille » les titres des pièces intéressantes et de bonne qualité.

En se produisant dans des lieux d’accueil qui m’ont déjà convaincue l’année dernière, je suis allée, pendant ce court séjour dans la capitale des Papes, voir des spectacles et réjouir mes yeux.

Ce que j’ai vu, de genres différents, dont le thème varie aussi, m’a permis d’apprécier la pièce autant que le travail de ses interprètes.

Il semble, que cette année le sujet des pièces du Festival Off s’intéresse aux problèmes du couple, du bonheur, des problèmes de société : il y a des histoires d’amour, de trahison ou de divorce.


Tout près de mon hôtel, au Théâtre Notre Dame j’ai assisté à un spectacle chanté en « Hommage à Serge Reggiani », interprété par Olivier Nunge et accompagné de deux musiciens : au violoncelle par Fanny Piquet et à l’accordéon par Guilhem Verger. La vie de Reggiani chantée et racontée par le comédien, Olivier Nunge, se déroule d’une manière agréable, non dépourvue d’humour, et ses belles chansons, qui dans des années 60, faisaient partie des « tubes », touchent encore aujourd'hui par leur humanité.