mercredi 1 octobre 2014

Paris vu par une étrangère...


Les thèmes que cherche ZAPOLSKA, la dirigent vers le Paris de travail, le Paris noir, avec ses cheminées d’usines, mais aussi vers des endroits inondés de lumière où elle capte la beauté d’un spectacle sous les spots des réflecteurs, (Les danses exotiques), ou cette autre beauté du paysage qui s’étend devant ses yeux.

Lors de ses voyages et excursions hors de Paris, en banlieue ou en Bretagne, ZAPOLSKA a l’occasion de découvrir et de transcrire des rencontres avec des habitants du lieu : De Bretagne : Roscoff ou De Bretagne : Huelgoat, ou encore Mie d'Aghonne. Ce sont des véritables petits tableaux qu’elle peint.

On y trouve aussi bien la description très naturaliste d’un événement que des entretiens avec des personnes qui marquent le monde culturel et social parisien, tel un article : Chez SÉVERINE, cette journaliste qui avait travaillé avec son compagnon Jules VALLÈS pour le journal Le Cri du peuple. Dans son article qui lui est consacré, ZAPOLSKA perçoit la thématique sociale et les préoccupations de cette femme vis- à vis à des gens démunis qui viennent chez elle chercher un soutien.

Elle n’hésite pas à fréquenter des endroits mal famés. Sa sensibilité voit la misère humaine, le dur labeur des hommes, tel que nous le voyons dans son article Chez BRUANT où elle évoque ses chansons qui résument l’essentiel de la condition humaine misérable.

ZAPOLSKA n’hésite pas écrire non plus à porter des jugements francs, et à y ajouter son propre ressenti, notamment parce qu'étrangère. Elle capte des moments et des bouts de conversations dialogués, ou des mélodies, ce qu’elle a entendu et vu, étant témoin direct de ce qu’elle perçoit. Cela donne à ses articles une valeur unique, même si son jugement n’est pas toujours objectif, surtout au début de son séjour à Paris, où elle ne possède pas encore une connaissance suffisante de la vie parisienne.

En choisissant le sujet d'un article, elle cherche à le présenter sous un angle dramatique. Elle décrit le lieu, (le décor) l’atmosphère ambiante, les émotions des gens, leurs réactions, leur comportement. Elle transcrit parfois leur discours dialogué et les réactions de ceux qui se trouvent à proximité de la scène décrite, puis y mêle sa propre réaction. Elle y crée un mouvement dans ses articles, comme dans des pièces de théâtre en miniature.



mardi 30 septembre 2014

L'Exposition Universelle et la Tour Eiffel


Ouverte au public, l’Exposition Universelle témoigne d'un développement industriel sans précédent, après une crise économique de longue durée.

Ce sera l’un de premiers sujets d’une série d’articles, que ZAPOLSKA, journaliste, va écrire pour des journaux de Varsovie : La Tour Eiffel et L’Exposition Universelle. Elle s’y rend et la visite à plusieurs reprises, ce qui lui permet d’avoir l’occasion de rédiger plusieurs articles séparés, en décrivant de multiples pavillons qui se trouvent sur une grande surface, aux pieds de La Tour Eiffel et le long de la Seine. En visitant ces pavillons, elle explore et développe tout un éventail de sujets.

Peu de temps après son arrivée à Paris l'article qu'elle écrit s'intitule Les premières impressions de l’Exposition Universelle, dans lequel elle reproduit l’ambiance générale et le comportement des gens qui s’y promènent. Avec un clin d’œil à ses lecteurs et lectrices de Kurier Warszawski, elle décrit la vie, le comportement et les mœurs des Français, qui lui paraissent amusants et exotiques.

En découvrant la vie et les mœurs des Français, ZAPOLSKA veut tout connaître de Paris, saisir des impressions, des images, des événements, et transmettre à ses lecteurs polonais l’atmosphère et l’ambiance qui y règnent.

Elle fait partie des premiers visiteurs : du haut de la Tour Eiffel, elle voit et contemple ce Paris de Zola, et elle prend conscience que cette vue, offre pour la première fois à des milliers de gens de nouveaux horizons qui leur étaient jusqu’à présent fermés.

ZAPOLSKA aime également regarder et décrire la capitale depuis les hauteurs de la Butte de Montmartre, mais aussi en fréquentant des endroits mal famés, de la misère humaine.


Pour la cause des femmes


Son parti-pris pour la cause des femmes, des enfants et des personnes sans toit, jetés hors de la société, nous montrent ZAPOLSKA engagée. Elle trace leurs portraits et croque leurs silhouettes dans des scènes de la vie quotidienne, dans leurs métiers, à travers la mode, les concours de beauté, ou des parures et des habits, exposées dans les pavillons de l’Exposition Universelle.

Participant directement au Congrès de Femmes, en tant que journaliste, ZAPOLSKA en relate le déroulement et s’inscrit du côté de défenseurs de la condition féminine. Les thèmes évoqués sont mêmes à notre époque et d’une actualité flagrante. Ce sont des articles comme le Bal des Folles, ou Chez Bruant, L’Élysée-Montmartre, ou encore la Leçon de Charcot, L’Art de la Femme, Le Congrès des Femmes.


ZAPOLSKA s’intéresse aussi à décrire la mode des Parisiennes, leur préférences et leur goûts. Elle qui est obligée de bien paraître sur scène en s’habillant chez Worth, est très soucieuse de son apparence, même si ses finances ne suivent pas. C’est au Théâtre Libre d‘ANTOINE qu’elle apprendra la modestie vestimentaire sur scène.

Méticuleusement et avec grand plaisir elle transmet à ses lecteurs en Pologne les tendances et les formes des habits en vogue à Paris. Elle-même s’y prête pour en présenter dans des albums de mode.



samedi 27 septembre 2014

Premiers pas dans la capitale, le théâtre.

Tout en se préparant à jouer sur scène à Paris, Zapolska continue à se consacrer au travail littéraire, et journalistique. Ses écrits sont abondants,  concernent des genres et des sujets variés. Ils témoignent sa curiosité et son intérêt pour la vie et le comportement des gens. 

En tant qu’étrangère, ce qu’elle voit ne se limite pas à une écriture factuelle, à un reportage journalistique. Ses articles, qu’elle écrit avec du talent, passion et audace,  méritent que nous nous y intéresserons de plus près.

En 1892, Zapolska est présentée par la journaliste Séverine à André Antoine, le directeur du Théâtre Libre, où elle trouve une atmosphère propice à son développement artistique. Pour elle c’est une grande chance qu’elle saisit et adhère avec toute sa compréhension à la méthode naturaliste, à une étude du rôle d’après nature, basées sur l’observation de la vie, qu’elle trouve dans le travail avec Antoine.
Antoine lui confie des rôles de composition, des vieilles femmes folles, des  princesses morphinomanes, des paysannes normandes, ou des rôles muets. L’accent, qu’elle combat depuis son arrivée en France, la sert dans ces emplois et elle obtient un véritable succès personnel, dans la pièce "Simone" de Louis de Gramont. 
Ambassadrice de méthode, qu’elle a connue au Théâtre Libre, elle cherchera, après son retour en Pologne, à faire connaître ce nouveau style de jeu qui s’appuie sur la simplicité

Ses articles consacrés au Théâtre en France et à son évolution, rendent hommage à Antoine et tentent à transmettre aux lecteurs polonais les nouveaux styles de jeu, qu’elle a appris en tant qu’actrice. Les articles qui sont consacrés à Antoine et au Théâtre Libre sont suivants : Scandale au Théâtre LibreLe Théâtre Libre.

Une part de ses articles s'appuie sur l’observation et  sur la fréquentation des gens du spectacle et du théâtre. Zapolska rend visite à son professeur d’art dramatique, Talbot, Sociétaire de la Comédie Française à la retraite,  décrit l’atmosphère au Théâtre Libre pendant la séance de répétition avec Antoine. Elle commente quelques pièces de théâtre qui lui semblent intéressantes. Dans l’enceinte de L’Exposition Universelle elle visite le Pavillon Théâtral, en détaillant les objets et des tableaux qui s’y trouvent.


Zapolska et Paris.



Paris que Gabriela Zapolska découvre lors de son arrivée  en 1889, est riche d’invention, des idées créatrices, artistiques, techniques et industrielles, ce que lui permet d’ouvrir et d’élargir sa vision du monde, en lui offrant une palette de nouveaux intérêts et aiguisant sa curiosité. 

C’est  un vaste pôle d’investigation et d’observation ainsi qu'une occasion unique de s’enrichir intellectuellement et artistiquement. En tant que journaliste, elle est la mieux placée pour fréquenter les milieux littéraires et artistiques, de pouvoir observer les changements qui ont lieu et d’élargir sa vision du monde. Paris lui offre une place privilégiée – être aux premières loges s’agissant de discussions artistiques et sociales. 

C’est une période où des écrivains et des hommes et femmes de lettres tels que Oscar Mirbeau, Jules Lemaitre,  Barrès, Séverine et d’autres, ont contribué à élaboration du journalisme moderne. En tant que journaliste, Zapolska est reçue dans des manifestations importantes qui se déroulent dans la capitale et fait partie des invités de la presse où elle partage la tribune à côté des hommes. Grâce à ses fréquentations, Zapolska était placée au bon endroit pour affiner sa plume et pour s’imprégner de ces idées nouvelles qui ont alors foisonné dans des milieux artistiques et littéraires. 

Avec le reste de la presse, elle assiste à des discussions entre les adeptes du courant naturaliste et des courants nouveaux dans l’art pictural, dans la littérature et au théâtre, mais elle accueille aussi chez elle des artistes, des peintres et des écrivains et elle assiste directement à leurs débats. Ses articles, envoyés aux journaux à Varsovie, illustrent de la formidable connaissance qu’avait  Zapolska de l’évolution dans le théâtre et dans la peinture de l’époque.

Nous avons des témoignages de ce processus dans des articles comme « Les nouveaux courants dans l’art », « Sur les scènes étrangères », mais également dans ses lettres à Stefan Laurysiewicz. 


mardi 8 juillet 2014

« Fabrice Luchini et moi. »




Quel n’a pas été mon plaisir de découvrir, à Avignon, un spectacle joué par un comédien qui a été formé au Cours d’art dramatique de Jean-Laurent Cochet, que j’ai fréquenté moi aussi !

Au « Théâtre des Vents », Olivier Sauton, nous a enchanté par son monologue, conçu  en « trompe-l’œil », sur une rencontre fictive entre Fabrice Luchini et lui.

Le titre de la pièce m’a paru audacieux et un peu provoquant, me demandant : Fabrice Luchini en était-il au courant ? Etait-il d’accord pour permettre de se servir de son  nom ?

Olivier Sauton joue seul sur scène deux personnages : celui de Fabrice Luchini et lui-même. Il le fait d’une manière convaincante, passant simultanément d’un rôle à un autre, changeant l’attitude physique, reproduisant la mimique et la manière de s’exprimer du  grand comédien, sans tomber dans le pastiche.

Au fur et à mesure du déroulement du jeu, sous l’apparence d’une « rencontre-anecdote », entre Olivier Sauton et Fabrice Luchini, nous découvrons le vrai sujet de la pièce.

Grâce à cette surprenante construction, Olivier Sauton nous présente une leçon magistrale de théâtre, telle que l’enseigne son professeur, Jean-Laurent Cochet, maître en art théâtral - Fabrice Luchini ayant, lui aussi, été formé par Jean-Laurent Cochet.

Fabrice Luchini, fait comprendre au jeune « apprenti acteur », ce que c’est l’art du théâtre. Il  s’appuie sur les « Fables de La Fontaine  dont il est devenu un merveilleux l’interprète, il cite des vers du « Misanthrope » de Molière et de la poésie de Baudelaire. La philosophie de vie, contenue dans les « Fables », commentée par Fabrice  Luchini, sa manière de respecter le texte et la technique de la « ré accentuation » façonnent les mots du texte en leur donnant du sens.

C’est un bel hommage rendu à Jean-Laurent Cochet d’abord et à sa manière de concevoir le théâtre et l’enseignement du métier d’acteur, à Fabrice Luchini également, ainsi qu’au théâtre et, par sa performance, à  l’art de l’interprète.

La pièce est jouée avec humour, légèreté, et intelligence, et le public séduit est comblé. C’est  un excellent spectacle, que je recommande à  tous ceux qui aiment le théâtre.



lundi 7 juillet 2014

Le Nazi et le Barbier



David Nathanson , comédien et adaptateur joue le personnage de Max Schultz, « fils bâtard mais aryen pure souche, génocidaire nazi reconverti en Juif pour sauver sa peau. ». C’est ainsi que nous pouvons résumer rapidement la pièce jouée au Théâtre du Cabestan.

A travers le texte dense, cruel parfois, raconté et joué par un seul acteur, se dessine toute une histoire du peuple Juif, ses errances, ses coutumes, jusqu’à la Shoah et après le génocide.

La narration nous rappelle la présence de l’antisémitisme, la haine vis-à-vis d’autrui provoquée par la différence, par l’envie et par la jalousie.

L’humour, présent tout au long de la pièce, soutenu par la performance de l’interprète, nous fait rentrer dans un monde oublié, où le peuple Juif vivait dans différents pays, étroitement lié avec les habitants de petits villages. La naissance de l’idéologie nazie a bouleversé la vie des habitants et a provoqué un renversement de valeurs humaines. Un ami d’enfance est devenu le bourreau d’une famille juive voisine.

Notons que c’est une pièce qui touche des problèmes difficiles. Il n’est pas facile d’oublier des atrocités commises par des êtres humains sur d’autres êtres humains. Ces blessures ouvertes cherchent à s’apaiser. Une abondante littérature a vu le jour : je citerais notamment des livres écrits par Frédéric Brun, Jean-Yves Potel, Anna Langfus et plusieurs autres.

La mise en scène de Tatiana Werner est claire, bien menée. Une musique qui puise dans le folklore juif et dans Silver Mount Zion, Di Nigunim, soutient efficacement le récit mené avec brio par David Nathanson.



dimanche 6 juillet 2014

Monsieur de Pourceaugnac de Molière



Dans la pure tradition de commedia dell’arte, la pièce « Monsieur de Pourceaugnac » de Molière, présentée actuellement dans le cadre du Festival Off au Théâtre Cabestan à Avignon par la Compagnie « Burlesques associés », attire un public nombreux composé de petits et de grands.

Des familles arrivent avec leurs  enfants qui, des yeux brillants et non sans rire, suivent les contorsions et les arabesques de Monsieur de Pourceaugnac malmené par des personnages de la pièce. Ils se familiarisent vite avec certains personnages, tendent leurs mains avec le désir de les toucher et de leur parler.

Les comédiens ne sont pas insensibles à ces manifestations et tissent un lien  vivant avec leur public, en se déplaçant, en quittant la scène et prenant le public à témoin.
Jouée avec aisance et un rythme qui s’accélère, la pièce se déroule d’une manière habile et les comédiens chantent, se déguisent, font des acrobaties.

Sur la scène, au fond, est accroché un drap blanc, comme cela se pratiquait jadis dans des foires de villages, lorsque les saltimbanques s’installaient pour jouer leurs pièces et improviser sur des canevas (et non pas jouer sur un texte écrit) comme c’est l’usage dans la commedia dell’arte. Ce drap fait l’office d’un mur derrière lequel les comédiens peuvent changer leurs costumes et sortir de scène lorsque l’action l’exige. Certains comédiens portent le masque de Zanni (c’est un masque de Serviteur) avec d’autres accoutrements, pour devenir un autre personnage

Dans la pièce jouent quatre acteurs : Pauline Paolini, Jean Hervé Appéré, Guillaume Collignon et Rémi Saintot. La musique, jouée sur instruments baroques, est de Lully. Pauline Paolini  nous enchante de sa belle voix soprano.

«  Monsieur de Pourceaugnac, un riche avocat Limousin, vient à Paris rencontrer sa promise qui, comme de bien entendu, en aime un autre. Avec l’aide d’un fourbe napolitain, les amoureux vont construire une farce monstrueuse pour dissuader ce provincial arrogant de faire affaire. Tous les coups sont permis et le pauvre farcé va subir lavements et clystères, être accusé de polygamie, devoir s’enfuir, déguisé en femme à sa grande honte et pour le plaisir des spectateurs ».

Une distraction pure en ce temps du Festival, où on vient pour le soleil, pour les vacances en famille et pour une rencontre inattendue avec le monde du théâtre.


samedi 5 juillet 2014

Dans les chaussures d’un autre

Reproduction de l'affiche,
ainsi que des photos,
avec l'aimable autorisation sde la Compagnie

La pièce que je suis allée voir au théâtre de La Luna est  écrite et mise en scène par Fabio Marra, qui y interprète aussi  le rôle de Giovanni.

Nous sommes sur un terrain où s’allient deux cultures : la française et  l’italienne. Et une interprète est d’origine espagnole.  La compagnie qui produit le spectacle s’appelle « Carrozzone Teatro ».

Cette heureuse dualité culturelle et l’intelligence de l’auteur –metteur en scène Fabio Marra nous fait entrer de plein pied dans le monde contemporain où la vie du couple, ses espérances, ses déceptions et ses désirs se croisent, et où chaque personnage se révèle dans sa spécificité, en quête de sa véritable identité.

Ici, le thème principal est celui de l’identité – celle d’un homme qui est devenu femme, face à sa famille, à son entourage, à lui-même.


Nous assistons « en direct » et en alternance sur deux  plans de la scène, à la vie  de deux couples  Autant les maris que deux femmes se révèlent à eux-mêmes dans les désirs les plus enfouis.


Des quiproquos et des situations  cocasses, mais également des scènes pleines d’une vraie émotion s’entremêlent lors du déroulement de la situation, en nous faisant participer à la souffrance des protagonistes, à l’authenticité de leurs désirs, ainsi qu’à leurs attentes le plus intimes.


Les comédiens jouent à merveille leurs partitions. La comédienne Sonia Palau qui incarne le transsexuel s’en sort au mieux dans ce rôle plein de nuances et de finesse. Hilarant et touchant, Fabio Marra dans le rôle du mari désirant devenir père, sait allier sa naïveté et sa bonté de caractère avec la  réalité que lui impose sa femme qui est en train de le quitter.

En jouant avec le ressort tragi-comique de la pièce « Dans les chaussures d’un autre », la Compagnie « Carozzone Teatro » a démontré qu’elle a su faire cheminer la trame du spectacle à travers les méandres et les nuances et de l’humour, à propos d’un sujet demeurant encore « délicat » dans notre société. Ce qui est garant d’un spectacle réussi. 


vendredi 4 juillet 2014

L’été à Avignon

Reproduction de l'affiche
aimablement communiquée par la troupe
pour utilisation dans cet article de blog.



Comme chaque année, je me suis rendue à Avignon pour goûter quelques mets du théâtre Off.

Cette année le Festival a démarré dans la tension, et plutôt perturbé par les manifestations des intermittents du spectacle. Et comme quelques troupes d’Off se joignaient au mouvement, je n’ai pas pu voir certains spectacles qui m’ont semblé attirants. Alors, j’ai assisté à des spectacles « tirés au hasard » ou conseillés par des spectateurs, diffusant de « bouche à l’oreille » les titres des pièces intéressantes et de bonne qualité.

En se produisant dans des lieux d’accueil qui m’ont déjà convaincue l’année dernière, je suis allée, pendant ce court séjour dans la capitale des Papes, voir des spectacles et réjouir mes yeux.

Ce que j’ai vu, de genres différents, dont le thème varie aussi, m’a permis d’apprécier la pièce autant que le travail de ses interprètes.

Il semble, que cette année le sujet des pièces du Festival Off s’intéresse aux problèmes du couple, du bonheur, des problèmes de société : il y a des histoires d’amour, de trahison ou de divorce.


Tout près de mon hôtel, au Théâtre Notre Dame j’ai assisté à un spectacle chanté en « Hommage à Serge Reggiani », interprété par Olivier Nunge et accompagné de deux musiciens : au violoncelle par Fanny Piquet et à l’accordéon par Guilhem Verger. La vie de Reggiani chantée et racontée par le comédien, Olivier Nunge, se déroule d’une manière agréable, non dépourvue d’humour, et ses belles chansons, qui dans des années 60, faisaient partie des « tubes », touchent encore aujourd'hui par leur humanité.



vendredi 13 juin 2014

SKIZ à l'ENTREPÔT en septembre



SKIZ est une comédie en trois actes que Gabriela ZAPOLSKA, une Polonaise, a écrite il y a un siècle. Elle fait partie de ses œuvres les plus connues et qui sont toujours jouées aujourd’hui dans son pays. SKIZ y a été reprise une soixantaine de fois depuis sa création en 1908, dont une dizaine de fois depuis la chute du Mur.

Parmi les pièces bien connues de ZAPOLSKA, SKIZ est faite pour plaire à un grand nombre de spectateurs français. On a entendu dire qu’il s’agissait d’un marivaudage à la polonaise. Ce n’est pas entièrement faux. S’en tenir là serait pourtant une illusion, car une bonne partie de son intérêt est ailleurs.

Nous y voyons deux couples de la petite noblesse polonaise vers le milieu du 19ème siècle. L’un, plus jeune et chez qui nous nous trouvons, sont des propriétaires ruraux dont le souci est de prendre soin de leurs animaux et de gérer leur laiterie. Surtout lui… Alors que sa femme commence déjà à rêver de perspectives plus romantiques.

L’autre couple, plus âgé et qui vient de la ville, s’avère plus porté à une vie mondaine et au badinage. L’homme surtout, qui est particulièrement sensible à la fraîcheur de la jeune femme. Plus pondérée, son épouse laisse faire jusqu’à un certain point mais veille néanmoins au grain.

Elle pense – ou du moins, elle pensait – détenir une carte maîtresse, un super-atout, vis-à-vis de son mari. Dans une variante du jeu de tarot, répandue dans l’Empire austro-hongrois, cette carte s’appelle SKIZ. Mais le jeu ne se déroule pas exactement comme elle l’avait cru.

La pièce ne se réduit pas à cette simple trame et aborde avec brio bien d’autres thèmes – d’où son intérêt accru et aux multiples facettes.

J’ai le bonheur d’être accompagnée par trois acteurs qui ont de la sensibilité, du talent et du métier : Coralie SALONNE, David MALLET et Yves JOUFFROY. Nous vous accueillerons le mardi 16 septembre à l’ENTREPÔT.


mercredi 9 avril 2014

L'association SEINE-VISTULE en 2013


L'article précédent nous a permis de faire un tour des activités de l'association SEINE-VISTULE en 2012.

Passons à l’année 2013

Traduction et lecture-spectacle

Ainsi qu’annoncé pour 2012, une traduction mieux adaptée pour la scène, par Lisbeth Virol et Arturo Nevill, de la pièce de théâtre Skiz de Gabriela Zapolska avait été finalisée – ce qui a en permis une première lecture publique le 17 novembre au Théâtre du Nord>Ouest, avec Coralie Salonne, David Malley, Lisbeth Virol et Yves Jouffroy.

Les participants – dont plusieurs donnaient au même moment une remarquable interprétation de La Cerisaie de Tchekhov, mise en scène par Coralie Salonne – ont apprécié d’avoir eu cette occasion de découvrir Skiz et envisagent volontiers une nouvelle lecture : celle-ci est prévue à l’Entrepôt le 15 septembre de 2014.


Publications

Sur l’essentiel, les publications antérieures des traductions réalisées par Lisbeth Virol et Arturo Nevill avaient jusqu’alors été à l’origine de deux ouvrages :

-       Madame Zapolska et la scène parisienne, aux Éditions de la Femme Pressée, en 2004. Publiée à compte d’auteur, cela a été surtout une opération de promotion.
-       Moralność pani Dulskiej (La Morale de Madame Dulska), publié il y a trois ans aux Presses de l’Université de Varsovie avec un réel appui de cette Université. Outre une présentation bilingue de cette pièce de Gabriela Zapolska, traduite par Paul Cazin – cet ouvrage comporte notamment la traduction de chroniques journalistiques de cette auteure par Elzbieta Koslacz-Virol et Arturo Nevil.

Autres manifestations

Les deux lectures de la pièce Stella Maris annoncées en 2012, ont effectivement eu lieu : Au Théâtre du Nord>Ouest, le 29 janvier 2013, avec Gérard Cheylus, Antoinette Guédy, Delphine Haslé et Lisbeth Virol... puis au Centre culturel de l’Entrepôt, le 28 mai – Christophe Jezewski ayant pris la relève de Gérard Cheylus.


    Un nouvel intérêt pour les écrits de Zapolska

Nous prenons conscience des riches retombées, suite à un contact qui s’est établi avec une personne qui s’intéresse aux sœurs Feinkind.

Dans les traductions jusqu’alors réalisées, on avait déjà pu constater que Zapolska avait mentionné Stefania Feinkind à plusieurs reprises. D’origine varsovienne, celle-ci était une élève de Charcot (elle a passé chez lui une thèse sur le somnambulisme). Elle est intervenue au Congrès international des Femmes qui s’est tenu en 1892 à Paris. Elle a conseillé Zapolska pour tenir son rôle de morphinomane dans Simone de Louis de Gramont, mis en scène au Théâtre Libre. Et ses conseils s’élargissaient probablement à des aspects médicaux personnels, puisque Zapolska avait plusieurs ennuis de santé.

Les investigations évoquées plus haut portaient initialement sur le parcours d’un médecin remarquable de l’époque : le Dr Louis Queyrat, venu du département de la Creuse. Stefania Feinkind épousera le Dr Queyrat, tandis que sa sœur Ewelina, qui a également fait des études de médecine à Paris, entrera, par alliance, dans la famille Peugeot. En regroupant nos informations respectives et en approfondissant cette recherche, nous avons notamment exhumé quelques textes qui apportent un nouvel éclairage sur l’époque du séjour parisien de Zapolska :

Zaszumi las, écrit par Zapolska après son retour en Pologne et qui est un roman à clé particulièrement précis sur la situation de la colonie polonaise, au moment où Zapolska vient tout juste d’arriver à Paris.

Realia historyczne w powieści Gabrieli Zapolskiej Zaszumi las, commentaire rédigé en 2002 sur ce roman par Wiesław Sladkowski de l’université de Lublin, qui en fournit justement plusieurs clés (dont celles identifiant les sœurs Feinkind, mais aussi bien d’autres personnes et organismes) et éclaire en quoi cela a influencé Zapolska au cours de son séjour parisien, notamment vis-à-vis de la colonie polonaise, dans les priorités qu’elles s’est données dans ses activités, et sans doute sur certaines raisons de son retour en Pologne (le fait que Zapolska ait mis ses notes en ordre et rédigé ce roman peu après son retour, ne semble pas neutre).

Apparemment plus accessoire  mais d’un réel apport également, nous avons mis la main sur le compte rendu quasi intégral en français du Congrès International des Femmes qui s’était également tenu à Paris, mais à mi-1889, tout juste avant l’arrivée de Zapolska : on y retrouve en grande partie les mêmes personnes qu’en 1892 (dont Stefania Feinkind qui y intervient) et des mêmes thèmes commencent à y être abordés. En revanche, on ne dispose pas d’un tel compte rendu pour le Congrès de 1892 : le rapprochement du compte rendu du Congrès de 1889 et la relation que Zapolska fait, comme journaliste, de celui de 1892 pour ses lectrices et lecteurs de Varsovie, est, à cet égard, particulièrement stimulant.

Sensibilisation de lycéens qui étudient le polonais

Au début de l’année 2014, Elzbieta Koslacz-Virol a pu y présenter Gabriela Zapolska, son œuvre et la particularité de son séjour parisien de six ans. à  l’École Polonaise puis du Lycée Montaigne. Nous en dirons sans doute davantage dans un article ultérieur.

mardi 8 avril 2014

Association SEINE-VISTULE en 2012


Cela fait environ deux ans, je vous avais présenté les activités de l’association SEINE-VISTULE que j’anime (voir mon billet du 12 mai 2012). Qu’avons-nous fait depuis ? Vous en avez eu des échos au fil des  articles qui se sont succédé depuis.

En voici une présentation chronologique qui porte sur les années 2012 et 2013

En 2012, d’abord...
... 2013 fera l'objet de l'article suivant

 Seine- Vistule s’est essentiellement consacrée à la  poursuite de traductions, à des publications et à des manifestations de sensibilisation du public.

Traductions

La pièce de théâtre Skiz de Gabriela Zapolska avait donné lieu à une traduction dans le cadre de l’Association, il y a plusieurs années. Cette traduction a été reprise depuis le début, afin de la  porter sur les planches en français.

La traduction de Stella Maris – autre pièce de Zapolska – vient d’être menée à bien. Deux lectures ont été programmées pour fin de janvier 2013 au Théâtre du Nord>Ouest et pour fin mai à l’Entrepôt.

Cette pièce fait partie d’un ensemble récemment édité par le soin de l’Université de Slask « Les drames non publiés » de Gabriela Zapolska. Nous sommes arrêtés sur l’une d’entre elle – Stella Maris – qui tient en une petite quinzaine de pages.

A trente ans de distance, ce n’est rien d’autre que l’évocation d’un élément fort de la biographie de Zapolska : Peu après avoir eu vingt ans, elle s’était éloignée de son mari pour jouer dans des troupes itinérantes, avait eu d’un directeur une enfant qui était ensuite morte en bas-âge, C’est ce qui est ici repris sous une forme dramatisée, Mais le plus surprenant est d’y retrouver, pratiquement mot pour mot, des phrases que Zapolska avait utilisées longtemps auparavant dans ses lettres pour s’exprimer sur cet épisode douloureux. On se doute que cela l’a travaillée pendant tout ce temps. En prendre conscience éclaire une partie de son parcours personnel.

Enfin, parmi les premières chroniques journalistiques parisiennes de Zapolska figurait un article assez fouillé sur le Pavillon théâtral qui avait été implanté à l’Exposition universelle de Paris, en 1889. Cette traduction a été communiquée à la Comédie-Française ainsi qu’à la Société d’Histoire du Théâtre.

Publications

- Les Annales 2012 (volume n° 14) du Centre parisien de l’Académie polonaise des Sciences (PAN) sont parues. Elles regroupent les textes des conférences et manifestations qui y ont eu lieu en 2011. C’est dans cet ouvrage de près de 500 pages essentiellement en français que se trouvent les deux textes de la conférence sur Gabriela Zapolska, donnée le 19 octobre 2011 par Danuta Knysz-Tomaszewska et Elżbieta Koślacz-Virol – respectivement intitulés : La Magie de la Bretagne et La Ville-Lumière.

Le CIRCE (Université Paris-Sorbonne) a publié cette même année Les minorités littéraires (et autres) en Pologne, ouvrage hors-série de sa collection Cultures d’Europe centrale, sous la direction d’Agnieszka Grudzińska et de Kinga Callebat. On y trouvait, sous la signature de Krystyna Kłosińska – qui a par ailleurs participé à la publication des pièces tardives de Zapolska (cf. plus haut)  – un article intitulé : Zapolska à Paris.

Krystyna Kłosińska a mis le doigt sur l’importance de son séjour parisien pour Zapolska : une métamorphose commencée dans les pires conditions, préludant à un retour au pays de façon quasi triomphante. Elle nous montre aussi comment, à la lecture des chroniques journalistiques de Zapolska depuis Paris, des historiens de la littérature ont eu tendance à déceler la trame d’un roman d’apprentissage (Bildungsroman). En revanche, sa correspondance laisse entrevoir des balancements entre son pays, dont elle se sent exilée mais garde une poignante nostalgie, et des Parisiens parmi lesquels elle se trouve d’abord isolée puis adoptée – mais encore étrangère. Sa relation avec le peintre Paul Sérusier permet à une plus grande familiarité avec les gens et les lieux de se construire. Conclusion de l’auteure de l’article : le sujet en crise a surmonté la crise ; le moi est en mesure de choisir les siens. C’est notamment ce qu’elle fera à son retour en Pologne, vis-à-vis de marginaux et d’exclus.
Mon commentaire : la métamorphose qui s’est opérée chez Zapolska lors de son séjour parisien va au-delà d’un épisode personnel, limité à la période où elle a vécu. Preuve en est que – plus d’un siècle plus tard – Zapolska et son œuvre sont toujours bien présents.

Dans la veine de ce qui avait été réalisé pour la publication bilingue de Moralność pani Dulskiej (La Morale de Madame Dulska) par la Faculté de Langue et de Littérature Polonaises de l’Université de Varsovie, Institut d’Etudes Polonaises Appliquées, une initiative similaire s’esquisse dès 2012 autour de Skiz dont la traduction pour la scène est pratiquement achevée. Il est alors envisagé une nouvelle publication pourrait ainsi comporter une version bilingue de Skiz, la traduction d’articles de Zapolska sur Paris, et quelques essais critiques.

Manifestations et sensibilisation

Après une année 2011 bien remplie en termes de manifestations, 2012 n’aura pas brillé à un même niveau. Une réunion organisée à la Bibliothèque Polonaise de Paris par les personnes qui s’occupent de recenser et de remettre en valeur des monuments ou tombes polonaises en France – notamment à l’initiative de Mme Barbara Kłosowicz, a été l’occasion d’une lecture d’une suite de textes de Gabriela Zapolska.

Amis de la Seine-Vistule

La mise en place d’une structure de soutien, sous le nom des Amis de l’Association Seine-Vistule, a fait ses premiers pas en 2012. Modeste initialement, ce soutien a néanmoins contribué à couvrir quelques frais administratifs

Malgorzata G. qui avait organisé l’année précédente au Musée de la littérature de Varsovie une belle Exposition sur Zapolska, a renouvelée cet exploit pour les trois mois de l’été 2012 à Gdynia. Cette exposition a été récompensée par un prix dédié à ce genre de manifestation.


mardi 28 janvier 2014

G. Zapolska à la Librairie Polonaise


Librairie Polonaise
123, boulevard Saint-Germain – 75006 PARIS
M° Odéon – Mabillon – Saint-Germain-des-Prés

Jeudi 6 février 2014 à 19 heures


Lecture par

Elżbieta KOŚLACZ-VIROL


Promenades parisiennes de Gabriela ZAPOLSKA


 Un regard pénétrant venu d’ailleurs, un style vivant, une période bouillonnante de la vie artistique et sociale, Paris de la fin-de-siècle.

En France pendant six ans (1889-1895) Gabriela Zapolska a rédigé un millier de pages de chroniques journalistiques pour des Journaux varsoviens et une correspondance épistolaire. Ces textes ont été publiés en Pologne et en partie traduits en français. C’est après son retour en Pologne qu’elle a écrit ses pièces de théâtre les plus célèbres, dont Moralność Pani Dulskiej (La Morale de Madame Dulska) et Skiz – l’une et l’autres traduites en français.

Diplômée du Conservatoire national du Théâtre de Varsovie (PWST), Elżbieta KOŚLACZ-VIROL a joué sur les scènes des théâtres Klasyczny et Rozmaitości. En France, depuis de nombreuses années, elle a adapté sa formation à la langue et au répertoire français. Enthousiasmée par les témoignages de Gabriela Zapolska comme actrice et au cours de son séjour à Paris, elle a soutenu une thèse de doctorat à Paris, à son sujet. Elle a traduit en français plusieurs pièces de théâtre polonaises, ainsi qu'une partie conséquente de la correspondance et des chroniques journalistiques de Gabriela Zapolska.