dimanche 27 octobre 2013

Zapolska et les théâtres parisiens

 

« Nulle part on ne trouve autant de théâtres qu’à Paris et en aucun endroit sans doute, un jeune auteur n’a plus de mal à se faire jouer, car chaque théâtre a son public et chaque théâtre a ses auteurs attitrés qui écrivent des pièces de telle ou telle façon pour tel ou tel acteur» écrivait Zapolska en 1895, dans un de ses articles, intitulé « Du monde des coulisses », qu’elle a envoyé à « Kurier Codzienny ».
Les théâtres, elle les connaissait bien, tant du côté des coulisses que de la scène, côté Cour ou côté Jardin. Au cours de vingt années de carrière artistique, sa manière de jouer avait évolué en même temps que l’apparition des nouveaux courants qui se manifestaient sur les scènes parisiennes. Ses débuts au théâtre en Pologne – avaient été difficiles.  Nous pouvons les comparer  aux premiers pas sur scène de la jeune actrice Nina, dans la pièce de Tchekhov, « La Mouette » qui voyageait, éreintée, en train de troisième classe,  pour jouer devant un public occasionnel. Des années trop difficiles pour une jeune rêveuse et passionnée du théâtre.
À Paris, en 1889, ses premiers contacts avec le métier d’actrice lui font voir les coulisses sordides des théâtres des boulevards. Elle travaille pour perdre son accent. Puis, elle fait connaissance d’acteurs de la Comédie Française qui l’encouragent à continuer et à poursuivre sa quête vers la scène. André Antoine l’engage dans son Théâtre Libre, où elle joue dans des pièces d’auteurs inconnus du public, refusées ailleurs.  Zapolska y rencontre une ambiance créatrice ; elle est heureuse de travailler avec Antoine. Celui-ci lui interdit de parler en polonais pour qu’elle fasse des progrès pour la prononciation. Bientôt, elle obtient un succès personnel dans le rôle d’une Princesse roumaine, Danesco, morphinomane. D’autres rôles affluent. Elle fait partie de sa troupe.
Vers la fin de son séjour, en 1895, elle joue dans le théâtre symboliste de L’Œuvre de Lugné Poe dans la pièce en un acte de Maurice Maeterlinck, « Intérieur », où elle joue la Mère. Son emploi se limite à celui d’une étrangère ou à celle à qui l’usage de la parole est restreint. Elle peut, ainsi rendre l’expression voulue du théâtre symboliste par le gestuel, par une mélodie étrange du texte, due à son accent.
« La Revue Blanche » mentionne : « Parmi les personnages muets de « l’Intérieur », Madame Zapolska, notre collaboratrice des « Lettres  Polonaises », a joué expressivement le rôle de la mère, Mmes Jenny Moore et Louise Durand ceux des jeunes filles ». Elle joue aussi avec succès dans le répertoire d’Ibsen, Maeterlinck, d’Emile Fabre.