mercredi 29 décembre 2010

La mise en scène de la vie quotidienne

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Tel est le titre de l’ouvrage bien connu d’Erving Goffman, un sociologue, qui, lorsque je l’ai découvert, m’avait fascinée.

Grâce à lui, j’ai mieux pris conscience que les gens, dans leur vie de tous les jours jouent un rôle qu’ils s’imposent à eux-mêmes ou qu’on leur impose – dans leur lieu de travail, par exemple. Ainsi conditionnés, ils peuvent continuer de jouer ce rôle toute une vie. Pensons au cuisinier qui, dans son lieu de travail, revêt un bonnet blanc ainsi que l’habit approprié ; et, avec une conscience professionnelle, il exécute les mêmes gestes de façon répétitive, auprès de son fourneau.

Le monde est un théâtre

Être réellement un certain type de personne, ce n’est pas se borner à posséder les attributs requis, c’est aussi adopter les normes de la conduite et de l’apparence que le groupe social y associe, écrit Goffman.

Le philosophe Jean-Paul Sartre en avait proposé une bonne illustration : Considérons ce garçon de café. Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voilà qui revient, en essayant d’imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate, tout en portant son plateau avec une sorte de témérité de funambule, et le mettant dans un équilibre perpétuellement instable et perpétuellement rompu, qu’il rétablit perpétuellement d’un mouvement léger du bras et de la main. Toute sa conduite nous semble un jeu. […] Il joue, il s’amuse. Mais à quoi donc joue-t-il ? […] Il joue à « être un garçon du café. » […] Le garçon de café joue avec sa condition pour la réaliser.

Le travail de comédien, lui donne de nombreuses occasions de donner vie à des personnages dans diverses situations. A chaque fois, ce processus aboutit à une succession de représentations devant le public, ce qui, pourtant, ne dure pas dans le temps. Le spectacle ne restera que dans le souvenir du public et laissera une empreinte relativement fugitive du rôle chez l’interprète. C’est une richesse pour le comédien, que de revêtir la peau du personnage dans le contexte de sa condition sociale.

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