jeudi 16 juillet 2009

La petite Valti

Toute la journée j’ai visité les pavillons de l’Exposition Universelle ! A la tombée de la nuit, on recouvre les vitrines de toile blanche et de tous les pavillons sortent des foules de gens qui se massent autour du colosse de La Tour Eiffel qui révèle ses formes au fur et à mesure que les lumières s’allument lentement le long de ses galeries. Toutes les têtes se lèvent et les cris s’élèvent vers le ciel : Magnifique ! Sublime !

Soudain, une lumière violette s’allume, on entend le bruit des jets d’eau, on voit comme des milliers d’étincelles…ce sont des fontaines multicolores qui, comme des gerbes de bijoux, font s’épanouir des milliers de gouttelettes qui se désagrègent dans l’air. Dans le lointain, on voit les statues que l’électricité inonde de blancheur.

Une mélodie de czardas nous parvient. Sur une voiture passe une danseuse, une bayadère de la rue du Caire, toute enveloppée d’un vêtement noir.

Je n’avais jamais vu les vraies bayadères de la rue du Caire avant d’avoir assisté au spectacle de
Mademoiselle Valti à La Scala. Sur une scène, baignée par la lumière et des éclats de lueurs électriques, une jeune femme rousse balance des hanches. Elle chante, la charmante Valti en faisant tourner sa petite tête encadrée de cheveux roux. Elle sourit, elle est gracieuse, le satin et le strass brillent. D’un soprano pur, elle chante :
. Je suis la bayadère de la rue du Caire…

Elle frétille si joliment de son
petit bedon que le public qui remplit la salle de la Scala applaudit frénétiquement sa danse du ventre. Elle a le plaisant minois d’un titi parisien ; elle est coiffée d’un chapeau de crêpe, couleur or et rose ; sa silhouette de danseuse, on la dirait dessinée par Grévin. Le chef d’orchestre qui l’accompagne discrètement d’une mélodie harmonieuse est obligé de reprendre pour la 3ème fois le dernier couplet. La jolie fille cligne de l’œil gauche, se balance de nouveau sous les lumières en jetant des étincelles de diamants… et recommence à chanter.

Son agréable silhouette ondule sur la scène vivement éclairée et, sous le satin rose, son «petit bedon» continue de s’activer. Lorsque cette «gommeuse du lieu», fort appréciée avec son expression de gavroche, pose ses mains blanches sur ses hanches rebondies ceinturées de ruban dorés, et chante en plissant les yeux :
.......... Abdi-abdah,
.......... Fiou fiou, piou, piou,
..........Dansons, dansons,
..........La danse du ventre
… le public acclame avec des cris d’enthousiasme la danse de sa chanteuse préférée.

Ce n’est qu’après que j’ai couru voir la vraie danse du ventre des bayadères de la rue du Caire, au Champ de Mars. Mais j’ai été bien déçue : au fond, j’ai préféré la danse de la petite Valti. Il se peut bien que, sous les lumières électriques, il n’y ait que satin, plumes, artifice et la grâce féminine propres à captiver et à soulever les foules. Je n’en suis pas sûre… mais ce que je sais, moi tout comme le public, c’est que j’ai applaudi la Valti et que j’ai crié : Dansez, dansez-la, la danse du ventre – en souhaitant que cette ravissante apparition ne s’éclipse pas trop vite.
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(D'après des traductions-adaptations de Lisbeth Virol & Arturo Nevill)
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A L'ENTREPÔT, 7/9 rue Francis de Pressensé
dans le 14ème (métro Pernety ou Plaisance),
le 1er septembre à 19 heures 15 :
Lecture de textes de Zapolska sur Paris
(entrée libre - durée d'environ 1 heure)

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