samedi 20 juin 2009

«Matka» de Witkacy


Witkacy, c’est Stanisław Ignacy Witkiewicz. J’invite ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur polonais, à en découvrir l’univers. Mon cheminement à moi passe par le rôle de la Mère (Matka) qu'il m’est donné d’interpréter sous la direction de Madame Monique Stalens.

Cet auteur génial, dramaturge, philosophe, artiste-peintre, photographe et théoricien de l’art a vécu entre les deux guerres. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, apprenant que l’Armée soviétique avait franchi la frontière polonaise, à l’Est, il s’est suicidé. En 1919, il avait publié un livre dont le titre était Des nouvelles formes dans la peinture et des malentendus qui en résultent. Ses réflexions portent sur la métaphysique, l’évolution sociale et annoncent la future mécanisation de la société, allant de pair avec la perte des sentiments. Il écrivait : «Les gens n’auront besoin ni de la vérité, ni de la beauté ; ils seront heureux», mais ce sera «un ennui sans borne, une vie mécanique, sans âme».

Sa vision du théâtre a marqué le tournant autour du XXe siècle. Ses travaux sur la forme pure anticipent la conception d’un autre réformateur – Antonin Artaud – sur le théâtre de la cruauté. Ses conceptions dramaturgiques ont été portées à la scène dans les années ’50 par le théâtre de l’absurde. Witkiewicz est auteur d'une trentaine de pièces de théâtre, écrites en six ans.

Ses personnages se cherchent, tentent de découvrir leur propre personnalité en voulant ressentir des émotions d’une autre dimension – des émotions métaphysiques. Pour le faire, Witkiewicz n’hésite pas à utiliser la parodie. Le monde qu’il présente n’est pas réel. Il s’oppose au naturalisme au théâtre et à la psychologie du personnage. Il prend en compte le spectacle lui-même dans la totalité de sa création, en utilisant l’effet sonore, le geste, la scénographie.

L’action de Matka peut se passer dans des endroits insolites. Le monologue de la mère au début de la pièce s’appuie sur le mystère de l’être, sur ses contradictions, et exprime l’amour maternel dévorant pour son fils. Les rapports du fils et de la mère s’entremêlent dans un dialogue sans issue et mènent vers la mort du fils.

D’une actualité étonnante, les pièces de Witkiewicz touchent un public actuel, qui voit dans cet auteur un précurseur des événements qui ont lieu à notre époque.