lundi 8 septembre 2008

Une Poignée de sable

Lorsque, après le Conservatoire de Varsovie, j'ai été engagée au théâtre national de Częstochowa (ville où se trouve le célèbre sanctuaire de Jasna Góra, dédié à la Vierge Noire), August Kowalczyk, mon ancien directeur, montait la pièce d'un auteur encore peu connu - Jerzy Przezdziecki. Il m'a confié le rôle d'une jeune fille - Iwona qui, avec l'approbation de son père, s'aventure dans des dancings de pensions de vacances au bord de la Baltique. En fille moderne, Iwona rencontre des hommes, s'amuse, flirte avec eux, sans toutefois passer à l'acte. Un rôle secondaire mais, dans une pièce bien montée, il n'y a pas de rôles secondaires : l'ensemble de la pièce est important.
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J'ai repris ce rôle à Varsovie, au théâtre Rozmaitości, avec le même directeur, qui tenait le rôle principal, celui de Geza. Nous avons joué Une Poignée de sable plusieurs fois : en tournées, à travers la Pologne enneigée, dans un vieux bus enfumé, au milieu de la nuit pour arriver au théâtre avant l'aube. On faisait ainsi des économies d'hôtel et de restaurant. La pièce a été produite à la Télévision polonaise.
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L'auteur, Jerzy Przezdziecki, est désormais connu en Pologne. Il avait été traduit, publié et joué dans des pays anglophones et en Allemagne. Mais pas en France. Des années plus tard, cette pièce m'est revenue à la mémoire - j'ai eu envie de la traduire en français. Lorsqu'une pièce est bonne et transmet sur scène des idées qui ne se démentent pas dans le temps, elle commence à toucher à universel. Cette traduction a duré un certain temps - celui, pour ma co-traductrice, Jeanne Bernava, professeur de lettres au Lycée Montaigne, et moi, d'harmoniser nos deux professionnalismes, celui de la scène et celui d'une langue qu'elle maîtrise autrement que je ne le faisais.
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Comment rendre, par exemple, le caractère d'un personnage comme celui de Geza : beau sportif, à la dérive suite à un infarctus qui a brisé une carrière prometteuse, vivant depuis dans une cabane au bord de la Baltique, noyant son chagrin dans la vodka, ce qui n'arrangeait rien - plus des aspirations à devenir écrivain : avec une sensibilité à fleur de peau, il voyait et sentait les choses mais sans arriver à finaliser son projet. Lueur dans cette situation : une jeune femme, Anka, serveuse du bar de La Source, l'aimait et venait lui rendre visite. Une belle pièce. Suite à cette traduction, nous avons obtenu l'aide à la création du Ministère de la Culture - elle a été montée à l'Art-Studio-Théâtre par Kazem Sharyari.
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